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D’UNE PARISIENNE

avec complaisance les minuscules carrés de terre sous lesquels reposent les leurs, bêchant, plantant, taillant, à qui mieux mieux.

Par la grande porte, sans interruption la foule s’engouffre toujours. Les tramways amènent de minute en minute des curieux qui entrent en courant et se bousculent pour être mieux placés. Les bancs sont pris d’assaut, j’ai vu le moment où l’on demanderait à y louer une place pour grimper à l’arrivée du corbillard. Le cortège ne vient toujours point. Les têtes se tendent anxieuses, d’autant plus que le radieux soleil s’est caché et que de gros nuages noirs menacent de crever.

Enfin la cloche qui annonce l’entrée des enterrements tinte. On aperçoit, fendant avec peine la foule compacte, le corbillard empanaché de couronnes blanches.

— Les voilà ! Les voilà !

Aussitôt de tous les points du cimetière on accourt. C’est une galopade effrénée. Hommes, femmes, enfants occupés à faire leur petit ménage funèbre, arrivent sans avoir eu le temps