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D’UNE PARISIENNE

Paris aura faim en dépit des franches lippées de cette nuit de réveillon.

J’entre à l’église du quartier, à Saint-Bernard de la Chapelle.

Ici on pénètre librement et sans carte. L’église est comble, et un profond silence pèse sur cette foule que traversent de temps à autre des prêtres qui mettent de l’ordre dans le placement des fidèles.

Je reconnais le vicaire de la paroisse, que je rencontrai dans une vente de charité.

— Vous ne fermez donc pas la porte aux fidèles, monsieur l’abbé ?

— Mais non, nous nous en garderions bien ; les chrétiens sont ici chez eux et les pauvres gens ont bien le droit de venir adorer Celui qui voulut naître dans une étable pour leur ressembler.

— Vous ne craignez pas le bruit ?

— Pas du tout. Les libre penseurs sont nombreux dans ce quartier, mais ils ne nous troublent jamais, ce sont des voisins indifférents, ce ne sont pas des ennemis. Beaucoup de leurs femmes