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NOTES ET IMPRESSIONS

son récit pour regarder son travail et, redevenant très femme, disait tout bas : « Ça n’ira pas mal. »

Et la causerie reprenait, Clémence Royer me narrait son enfance au couvent et la belle flambée d’ardente foi qui l’avait fait prendre par les bonnes sœurs, ses maîtresses, pour « une élue du Seigneur ».

Fille d’un père breton, elle était née à Nantes d’une famille légitimiste et religieuse, mais qui n’avait nulle envie de voir la jeune fille prendre l’habit monastique. Aussi, lorsque son père s’aperçut pour la première fois des tendances mystiques de sa fille, il se fâcha et retira l’enfant de pension.

Un incident assez amusant marqua ou plutôt amena ce changement de vie ; Clémence Royer me le rappelle avec gaieté.

C’était au moment des vacances, le père voulut un soir conduire sa fille au théâtre. Épouvante de la jeune pensionnaire, qui, traçant un grand signe de croix pour écarter un démon tentateur, refusa d’accompagner son père en un tel lieu.

Étonnement, colère de M. Royer, et fina-