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D’UNE PARISIENNE

dises sont vides, et les oranges éventrées jettent dans la salle une odeur âcre.

— Si nous chantions, propose la directrice de l’œuvre de Paris, une des filles de la maréchale Booth, une délicieuse Anglaise, à la figure de baby, aux cheveux dorés, qui est mariée depuis quatre ans, et dont la taille est alourdie par une maternité prochaine.

À pleine voix, les salutistes entonnent une sorte de prière :

Vive Jésus, des pécheurs l’espérance.

Une petite allocution est ensuite prononcée par la jeune femme, qui, en dépit d’un fort accent anglais, trouve les paroles qu’il faut dire à ces pauvres créatures, parlant de la beauté qui fuit, des ans qui viennent, des hommes qui s’éloignent et abandonnent à leur triste sort les malheureuses qui, fourbues, terrassées par le vice, après avoir été chair à plaisir, deviennent chair à misère et agonisent seules dans quelque coin sordide sans une main protectrice pour adoucir leurs souffrances.