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NOTES ET IMPRESSIONS

cause, cause, dit que son métier n’est pas « rigolo », qu’il y a des soirs où elle aurait très envie de se coucher tranquille dans un lit bien chaud. « Mais, bast ! faut trimer, et va donc, jusqu’à ce qu’on crève, comme un chien, tout seul dans son taudis. »

Les fleurs l’amusent. Elle est de la campagne, et elle se souvient qu’elle faisait de gros bouquets au printemps dans les prés en gardant les vaches.

— Mais parlons plus de ça, fait-elle, y a longtemps.

— Pourquoi ? interroge la brigadière qui est assise près d’elle. Cela vous repose un peu, ma pauvre petite, de penser à des jours qui étaient moins durs pour vous.

La grande fille, moitié gouailleuse, moitié émue, dégoise son histoire, banale, du reste : c’est l’éternelle odyssée de la villageoise venue à la grande ville pour être servante, et qui dégringole de la guinguette, où le patron la déniaisa, au trottoir des boulevards extérieurs.

Le thé touche à sa fin, les assiettes de frian-