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NOTES ET IMPRESSIONS

tout blanc, avec des étoiles d’argent, stationne déjà dans le chemin creux quand je descends de mon funèbre carrosse.

On apporte le corps. La longue caisse glisse lentement dans la voiture, et le drap blanc retombe en plis très doux sur lesquels on dispose les couronnes, couronnes de campagne, guirlandes d’une naïveté adorable, d’une maladresse touchante.

Ce sont des fleurs simples, des œillets blancs tout petits qui fleurent bon le poivre et la cannelle, des muguets de la forêt, des pâquerettes des champs, des reines des prés, que des mains malhabiles tressèrent avec des verdures rustiques, fougères dentelées, branches de cyprès.

Et les yeux se reposent sur cette débauche fleurie, qui ne ressemble en rien aux couronnes apprêtées, orgueilleuses ou mignardes qui sortent des officines de nos grands fleuristes.

Ici, tout est simple et franc. Cette moisson neigeuse et embaumée sous laquelle s’en va Rosa Bonheur est l’emblème de sa vie. Elle aimait