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D’UNE PARISIENNE

— Eh bien, quoi, je pleurerais ; les larmes, c’est la prière des femmes, et quand je lui crierais, oh ! de toute mon âme : « Je suis sa mère ! » que pourrais-je ajouter de plus ?

La malheureuse suffoque, halette, la poitrine oppressée par des sanglots mal retenus. Avec un âpre plaisir elle me conte l’enfance de son pauvre garçon, doux, pas méchant, mais la tête vive, sensible à l’excès : Un vrai toqué, déclaret-elle. Et c’est ce qui la peine.

— Il était fou, oui, je vous l’assure, le misérable enfant, et c’est pourquoi on devrait bien me prendre en pitié. Au pays, là-bas, en Alsace, les Schneider sont nombreux, le nom est commun ; savez-vous comment on distinguait la famille de mon mari ? on les appelait « Schneider les fous ». C’est triste à avouer ; je n’avais pas voulu, à cause de mes enfants, parler de ces choses, mais s’il passait sur la terrible bascule, lui, ce serait bien plus horrible encore.

La mère, les yeux ouverts démesurément, les deux mains portées à son cou dans un geste