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D’UNE PARISIENNE

faire, cette malheureuse mère obligée de quitter son quartier du faubourg Saint-Antoine où elle vendait des fruits dans une petite voiture, bafouée, honnie par les autres marchandes, qui la désignaient aux chalands sous le nom de la « mère de l’assassin », s’il l’avait trouvée, comme moi, secouée de sanglots, son pauvre cœur si gros et si douloureux qu’elle le tient à deux mains dans ses crises de larmes comme si elle craignait qu’il n’éclatât, bien vite il prononcerait le mot sauveur, le mot divin qui doit être si doux à dire : le mot de grâce.

Elle, l’humble, la modeste, ne sait que gémir et prier, aux heures trop pénibles où, fléchissante, elle s’incline sous le poids rude dont la fatalité la chargea.

Hier, je gravissais les quatre étages de son nouveau logement du boulevard Turbigo, où dans une maison d’aspect bourgeois elle est allée abriter son nom sali…

— Madame Schneider ?

— C’est moi.

On me reçoit dans la chambre à coucher, une