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NOTES ET IMPRESSIONS

Hypnotisés devant la baraque, ils demeurent, la bouche béante, écoutant la parade du marchand.

La mère essaye vainement de les entraîner, ils s’approchent près, tout près de l’étalage, leurs menottes ouvrent en tapinois les boîtes des beaux soldats de plomb, et une lueur de convoitise fait flamber leurs claires prunelles.

— Allons, filons, les petiots, fait la mère, qui comprend la mimique de ses enfants.

Le plus jeune pleurniche ; le plus âgé, habitué déjà aux privations, pousse un soupir et s’apprête à suivre sa maman…

Je m’éloigne, moi aussi, je quitte le boulevard, dont les baraques se ferment une à une, mais, avant de partir, j’achète quelques menus joujoux pour ces pauvres petits.

Eux ne peuvent croire à leur bonheur. Ils tendent leurs menottes rougies et tremblent d’émotion lorsque je leur remets ces minces présents. Oh ! leurs bons regards attendris et le sourire de joie qui fend leurs petites bouches ! Je ne les oublierai jamais et je repenserai sou-