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NOTES ET IMPRESSIONS

triels, ces camelots ingénieux, qui se disloquent l’esprit pour trouver le boniment qui accroche l’attention du passant. Je voulais étudier leurs impressions, assister aux émois de la vente.

Vêtue, comme les vendeuses des petites boutiques, d’une robe de laine et d’un gros châle, je m’installe à côté de l’une d’elles, une bonne commère réjouie qui me conte qu’elle est pour l’ordinaire marchande de fruits, mais que chaque année son homme débite des canons de bois, des soldats de plomb, des coffres-forts à secret à l’usage des mioches.

— Il n’existe pas son pareil pour le « boni », me dit-elle non sans une flamme d’orgueil dans le regard, et vous allez le voir tout à l’heure.

Cependant je me familiarise avec mon nouveau métier, disant aux promeneurs :

— Allons, madame, achetez-moi une boîte de soldats pour vos bébés ; voyez, monsieur, ce beau canon, il est de fabrication française, il ne coûte que vingt-neuf sous, un franc quarante-cinq, si vous avez envie d’acheter.

Le patron arrive, s’installe et commence à