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un seul homme a tiré de ces caractères mystérieux et jusqu’alors incompris une langue hiératique dont il a reconstruit la grammaire et le dictionnaire[1] ; depuis lors on n’a guère fait que répéter la substance de ses recherches ou les amplifier dans un cercle restreint d’applications[2]. Les études Égyptiennes, dont la première phase remonte à l’Expédition Française et dont la seconde a été marquée par les découvertes de Champollion, ont paru sommeiller depuis quelques années ; mais une splendeur nouvelle leur semble réservée par les résultats de la nouvelle expédition d’Égypte, entreprise par des savans Allemands sous la direction de Rich. Lepsius et avec la protection du gouvernement Prussien. La Chine, l’Inde, la Perse n’ont rien à envier à ces études Égyptiennes, que nous voyons encouragées avec une munificence royale et favorisées plus puissamment encore par l’attente de l’opinion ; c’est le même intérêt philosophique qui a suscité dans toute l’Europe de patientes, recherches ou de longs et ardens travaux sur l’écriture, la langue, la littérature, la religion et l’histoire des plus grands peuples de l’Asie. Un intérêt social vient s’ajouter aux deux autres et leur donne plus de force en leur communiquant sa propre actualité : l’Europe transporte sur le sol de l’Asie les questions de prépondérance politique qui s’agitent entre ses gouvernemens ; elle assure son influence chez les peuples à qui elle transmet les arts de la civilisation ; elle accroît en même temps

  1. La base de la théorie était jetée dans le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens (2e éd., Paris 1828, 8°) ; la grammaire Égyptienne, publiée après la mort de l’auteur (1 vol. petit in-fol., Didot), renferme les principes généraux de l’écriture sacrée appliqués à la langue parlée ; le Dictionnaire hiéroglyphique, dont la publication vient d’être achevée, sera le complément des règles d’interprétation.
  2. Par ex., dans deux ouvrages assez récens de l’érudition allemande, le Hermapion de J. L. Ideler, et l’Égypte ancienne du Dr Schwartze que vient de couronner l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.