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en passant des mains des Juifs dans celles des Chrétiens, acquérait des formes plus claires et plus méthodiques, où l’étude de la langue sainte, rendue ainsi plus facile, devenait aussi plus familière et plus générale : on ne peut douter de l’ardeur et de l’habileté des hébraïsans Chrétiens du XVIe siècle, en voyant la multitude des travaux qui leur sont dus, grammaires, lexiques, paraphrases, commentaires, en considérant l’étendue des matériaux rassemblés par eux pour l’exécution d’œuvres achevées, telles que la Polyglotte d’Alcala ou de Complute et la Bible royale ou Polyglotte d’Anvers. Pendant que ces travaux d’une profonde érudition s’accomplissaient par le concours des écoles de l’Europe, les voyages de découverte et de colonisation préparaient l’agrandissement futur du domaine de la science Orientale : à peine les Portugais avaient-ils pénétré dans les mers de l’Inde et jeté sur les côtes méridionales de l’Asie les fondemens de leur puissance, que déjà les missionnaires de plusieurs ordres catholiques, et surtout de la Compagnie de Jésus, exploraient l’Inde, la presqu’île de Malacca, la Chine et le Japon, et envoyaient à l’Europe les premiers documens officiels sur le climat et les habitans de ces contrées : le prosélytisme religieux qui inspirait de si grands sacrifices devait faire concourir dès lors à ses nobles entreprises l’activité ingénieuse d’un grand nombre d’hommes qui s’exerçait en vue du même but sur la connaissance des peuples nouveaux, sur l’observation de leurs mœurs et sur la culture de leurs langues. Les efforts d’un zèle éclairé, qui n’avaient pas cessé pendant un siècle entier, furent couronnés par la fondation de la Propagande, institution Romaine par son siège, par son esprit et par son universalité[1] ; asile ouvert aux hommes

    protecteurs, les cardinaux Rich. Fox et Ximenès, d’un enseignement spécial pour les trois langues savantes.

  1. Cette institution permanente et spéciale n’a pas existé officiellement à Rome avant le XVIIe siècle ; c’est en 1622 que Grégoire XV a établi la