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et qui ont fait surnommer sa région Orientale montagne des langues (djebal-allesan) par les Arabes : on n’a pu jusqu’ici ramener avec sûreté les langues du Caucase à l’un ou l’autre des groupes précédents, malgré les rapports offerts par quelques parties de leur vocabulaire. Nous distinguerons dans ce troisième groupe des langues Orientales les familles suivantes qui n’ont pas toutes joui d’un développement littéraire, mais qui nous sont désignées par les recherches des voyageurs comme les plus importantes eu égard à la prépondérance historique des peuples :

a) La famille Géorgienne, ou plutôt Ibérienne, pour reprendre un nom qui vient des géographes de l’antiquité et qui embrasse plusieurs nations[1] ; elle comprend, d’abord, le Géorgien ou Karthouli, qui s’est maintenu jusqu’à nos jours dans le Caucase méridional et dont l’étude a été recommandée aux encouragemens intéressés de la Russie par l’abondance des sources historiques ; puis, le Mingrélien, le Souane, le Lasien parlé par le peuple autrefois puissant des Lasis : la tentative qui a été faite de rattacher le Géorgien et le Lasien aux langues affiliées au Sanscrit a besoin d’être confirmée par de nouveaux faits, comme le reconnaissent ses auteurs[2] ; il s’agit d’établir que le Géorgien tient par l’Arménien aux antiques idiomes de la Perse et par leur intermédiaire au Sanscrit.

b) La famille des langues Lesghiennes, qui sont parlées par les nations dites Lesghis et dont la branche principale est l’Avare avec ses nombreuses ramifications[3] ;

  1. V. sur les langues des peuples Géorgiens l’Asia Polyglotta de Klaproth, p. 109 suiv.
  2. M. M. Brosset et Bopp, l’un dans plusieurs articles du Journal Asiatique, l’autre dans un des bulletins les plus récens des séances de l’Acad. de Berlin (Bericht u. s. w. aus dem Jahre 1844, 8o).
  3. V. Klaproth, Asia Polygl., p. 124 suiv., et le tome IIe du Voyage au Mont Caucase et en Géorgie, où des listes de mots assez étendues sont données pour les langues principales.