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autre que le Sanscrit altéré des Bouddhistes répandus hors de l’Inde, et qui nous est connue par leurs anciens livres retrouvés dans les cloîtres du Népal et du Tibet : le mot Fan est une mutilation du mot chinois Fan-lan-ma, qui est lui-même la transcription des mots sanscrits brahma ou brahmana, et par conséquent il doit désigner parmi les sectes la langue de l’Inde ou des Brahmanes.

Deux langues anciennes ont coexisté dans les contrées florissantes de l’Inde avec le Sanscrit d’où elles étaient issues ; elles s’en sont le plus rapprochées par leurs formes grammaticales et par l’extension de leur culture littéraire. Ce sont :

α) Le Pali, premier né du Sanscrit, répandu dans une grande partie de l’Inde, d’où il fut expulsé violemment avec le Bouddhisme et porté par le prosélytisme des fugitifs dans tous les pays situés à l’Est de la péninsule Indienne ;

β) Le Pracrit, ou plutôt l’ensemble des dialectes Pracrits : si le nom de Pracrita, signifiant dérivé, inférieur, imparfait, est donné dans les sources indigènes à toutes les langues secondaires de l’Inde, dérivées du Sanscrit pris pour leur type originel, il faut restreindre l’usage littéraire du même nom à certains dialectes provinciaux consacrés surtout aux compositions dramatiques dont les rôles inférieurs ne pouvaient être écrits dans la langue savante ; le Pracrit de la scène, qui n’a pas manqué de grammairiens et de commentateurs chez les Hindous, a déjà trouvé en Europe un habile interprète et un ingénieux historien[1].

Viennent ensuite les langues dérivées postérieurement du Sanscrit et restreintes à des provinces déterminées d’où elles ont tiré leur nom. Les plus connues d’entre elles, parce

  1. Après Mr Hoefer qui a tiré les règles du Pracrit des textes des drames Indiens (De prakrita dialecto libri duo, Berolini, 1836, 8o), est venu Mr Lassen qui a basé à la fois sur les textes et sur les grammaires indigènes ses Institutiones linguæ Pracriticæ (Bonnæ, 1837, 1 in 8o).