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idées scientifiques et elles ont répondu à la vocation littéraire et philosophique des grands peuples anciens et modernes.

Des six familles qui composent le groupe Indo-Européen, deux seulement, la famille Indienne et la famille Persane, appartiennent proprement à l’Asie ; les quatre autres sont Européennes : ce sont la famille Thraco-Pélasgique, dont le Grec et le Latin forment les deux branches principales, la famille Slavonne qui embrasse toutes les langues de l’Est de l’Europe, la famille Germanique dont les ramifications nombreuses s’étendent des bords du Danube aux forêts de la Scandinavie, la famille Celtique dans ses deux rameaux Gaëlique et Cymrique[1].

Les langues des familles Indienne et Persane qui doivent ici nous occuper exclusivement pourraient être appelées d’un nom commun, celui de langues Ariennes, qui indiquerait bien leur étroite affinité ; il aurait une signification historique, puisqu’il se retrouve également dans les livres et les noms propres des deux races qui se sont répandues, l’une dans l’Inde, l’autre dans la Médie et la Perse, et se sont montrées opposées de mœurs et ennemies de croyance, après être sorties du même foyer, la Bactriane des Grecs, la terre sacrée de l’Iran. Le nom d’Ariennes ou d’Iraniennes, donné à ces langues serait un témoignage de l’antique confraternité des peuples[2] : cependant il semble devoir céder dans

  1. Je m’éloignerais de mon sujet en descendant aux subdivisions des familles ici nommées ; je me borne à observer que la famille Celtique est une des dernières conquêtes réunies au règne des langues Indo-Européennes, grâce aux résultats affirmatifs obtenus par Mr Ad. Pictet, de Genève, (de l’affinité des langues Celtiques avec le Sanscrit, Paris, 1837, 8°), et confirmés par les recherches postérieures de M. Bopp ( Die Celtischen Sprachen in ihrem Verhältnisse zum Sanscrit u. s. w., 1839, 4°).
  2. On a proposé de donner le même nom d’Ariennes à toutes les langues du groupe Indo-Européen en raison de l’antiquité de la double branche Arienne ; mais puisque les familles de l’Europe n’en sont point des rejetons, le mot ferait supposer à tort une filiation qui n’existe pas.