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les langues qui lui appartiennent sont répandues du centre de l’Asie à l’extrémité Occidentale de l’Europe, de l’Inde à l’Islande. « Il a été aussi appelé Japhétique, parce qu’il embrasse la portion de la terre couverte très anciennement par les peuples descendants de Japhet[1]. Ce groupe est un des mieux connus aujourd’hui, depuis que son étude s’est accrue par la réunion successive de langues qui naguère lui semblaient étrangères[2] ; les analogies du Persan avec les langues Germaniques, déjà observées par les savans du XVIIe siècle, ont été confirmées par le premier examen du Zend et du Sanscrit, et les langues classiques de l’antiquité sont dès lors entrées dans le même domaine. L’organisme commun de ces langues nous est maintenant révélé par la comparaison systématique des idiomes qui sont les représentans les plus anciens et les plus complets de chaque famille[3] : sans parler de l’intérêt historique qui résulte de la découverte de leur affinité, nous pouvons mieux juger quel est le caractère distinctif des langues de ce groupe, quelles sont la souplesse et la régularité de leurs formes, par quel génie elles sont éminemment propres à l’expression des

  1. Les Indo-Germains, peuples privilégiés des ethnographes modernes, ne sont autres que les Grecs et les Barbares de l’histoire ancienne, les Gentils de l’histoire sainte, les Japhétites de Moïse.
  2. L’état de la science a déjà permis de résumer les faits acquis : c’est la tâche utile qu’a remplie Mr F. G. Eichoff, aujourd’hui professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, en publiant son Parallèle des langues de l’Europe et de l’Inde (Paris, I. R. 1836, 1 in-4o). Plus tard est venu Mr A. F. Pott, qui a présenté avec une grande rigueur de critique tous les résultats obtenus par la philologie comparée dans son mémoire étendu intitulé : Indogermanischer Sprachstamm et inséré dans l’Encyclopédie allemande de Ersch et Gruber (Sect. II, Th. 18, p. 1-112, Leipzig, 1840).
  3. La comparaison grammaticale n’a été établie nulle part avec plus de netteté et de logique que dans le principal ouvrage de Mr F. Bopp, prof, à l’univ. de Berlin, qui est aussi l’auteur d’un grand nombre de dissertations détachées sur la même matière : c’est la Vergleichende Grammatik des Sanskrit, Zend, u. s. w., dont quatre parties ont paru (Berlin, 1833-42, 4o).