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de nouveaux progrès de la science que l’on devra la démonstration non moins exacte et moins sûre de l’unité primitive du langage confirmant l’unité de la race humaine, que déjà l’on a reconnue à travers la diversité des trois races principales admises par la physiologie. Les deux ordres de recherches me semblent avoir une analogie frappante et incontestable : si des observations multipliées sur les caractères distinctifs des races ont fait découvrir des types intermédiaires qui fournissent une transition naturelle entre les configurations les plus opposées et attestent l’unité originelle, sinon l’identité organique de l’espèce, si la science la plus haute se refuse à conclure de quelques différences plus ou moins marquées « l’origine propre, c’est-à-dire, l’indépendance absolue des races humaines[1] », il en sera de même pour le langage dont on a nié l’unité originelle en raison de ses formes

    de R. Lepsius appliqués surtout aux pronoms et aux noms de nombre, vient s’ajouter la nouvelle tentative de Th. Benfey qui met en rapport les formes grammaticales du Copte avec celles des langues Sémitiques et promet la comparaison des vocabulaires (Ire partie, Leipzig, 1844). En attendant que les rapprochemens du professeur de Gœttingen soient admis et confirmés par la critique, il faut aussi tenir compte des analogies découvertes dans les élémens des deux groupes cités et exposés pour la première fois par Fr. Delitzsch dans son Jesurun ou introduction à la grammaire hébraïque (Grimma, 1838) ; il y a plus d’arbitraire dans les rapprochemens proposés par Wullner pour établir la parenté de ces mêmes langues (Munster, 1838), à cause de l’extension qu’il attribue aux interjections comme fondemens du langage.

  1. Dans son mémoire sur la pluralité des espèces humaines, Mr Forichon a rapproché des données de la science les témoignages désintéressés des voyageurs et des navigateurs, afin de démontrer qu’il n’y a point une ligne de démarcation précise entre les principales divisions que l’on établit dans le genre humain. Mettant à profit ses propres observations pour mieux juger celles de Buffon et de Cuvier, Mr Flourens, secrétaire perpétuel de l’Acad. des Sciences de Paris, vient de consacrer un chapitre décisif à l’unité de l’homme qu’il défend contre l’hypothèse des races distinctes, en prouvant « que l’espèce seule a une origine primitive et propre. » (Buffon, histoire de ses travaux et de ses idées, Paris, Paulin, 1844.)