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chaque groupe l’une ou l’autre langue comme la mère des autres : la langue qui réunit à une haute antiquité le développement complet de ses formes et des caractères marqués de perfection grammaticale peut être prise comme un des termes nécessaires de comparaison dans les opérations de la synglosse ; mais elle n’est pas avec les langues les plus anciennes du même groupe dans un autre rapport que dans celui de sœur, et toutes ensemble sont des langues affiliées, remontant à un idiome perdu dont toutes les familles ont conservé les lois principales dans leur originalité individuelle ; c’est ainsi que la langue Sanscrite n’est pas langue mère en dehors de la famille indienne, mais seulement langue sœur des langues les plus anciennes de chaque famille dans le groupe des idiomes congénères de l’Europe et de l’Inde.

Il est évident que, grâce à une analyse plus rigoureuse de l’organisme des langues, à un examen de la partie essentielle de leur vocabulaire et de la nature de leurs flexions, leurs affinités réelles peuvent être solidement établies et l’on voit en même temps que leur prodigieuse diversité s’efface peu à peu par la formation successive de groupes qui embrassent de nombreuses familles de langues et de peuples. C’est ainsi que, tandis que la connaissance générale des langues est simplifiée, l’histoire des nations primitives tend à être de plus en plus éclaircie. Tout fait présager que la même unité, qui est rétablie d’une manière irréfragable entre les langues d’une multitude de peuples éloignés, sera reconnue plus tard comme existant également entre les grandes familles qui, dans l’état actuel de la philologie, semblent encore complètement séparées l’une de l’autre[1] : ce sera à

  1. Il ne sera pas sans intérêt de faire ici mention des efforts déjà tentés pour rapprocher les langues des deux groupes Sémitique et Indo-Européen qui ont le plus d’importance sous le rapport littéraire : c’est le Copte qui a paru une sorte d’intermédiaire entre ces deux groupes de langues eu égard à la formation analogue de certaines parties du discours ; aux essais