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l’histoire positive est à jamais perdue. La grammaire comparée est une étude toute moderne ; elle est parvenue après des essais infructueux à des conclusions d’une haute importance dont la plupart sont considérées avec raison comme des vérités acquises à la science ; énumérer les résultats généraux obtenus par la linguistique reviendrait à une histoire de sa marche et de ses travaux : matière trop vaste et trop étrangère à mon sujet, pour que je puisse lui donner place ici, malgré l’intérêt et l’instruction qui s’y attachent[1]. Il me suffit de signaler à quel point la synglosse a contribué à résoudre tant de problèmes dans l’histoire et les antiquités de l’Orient en jetant un jour nouveau sur le placement primitif des races Asiatiques, sur leurs mutations et leurs guerres, sur le passage de leurs migrations soit en Europe, soit sur le sol d’autres continens. La philologie comparative qui a emprunté à l’étude systématique des langues Orientales ces données précieuses, mais inespérées qui manquaient encore à l’histoire, est aussi la science qui doit nous servir de guide dans la classification de ces mêmes langues : avant de vous en présenter le tableau, je suis dans l’obligation de vous faire connaître les procédés de la linguistique moderne dans l’étude comparative de toutes les langues que nous comprenons à l’avenir sous le nom d’Orientales.


Depuis le XVIe siècle qui s’est déjà préoccupé de l’affinité universelle des langues, trois méthodes principales ont été

  1. Il est à désirer qu’un semblable tableau de l’étude comparative des langues en Europe soit entrepris par un linguiste qui traite le sujet dans toute son étendue et qui puisse porter personnellement des jugemens décisifs sur ses diverses parties. On ne possède jusqu’ici qu’un résumé historique fait avec habileté par Mgr  Wiseman en vue de relever les témoignages de la linguistique et de l’ethnographie en faveur de la science chrétienne : c’est l’objet des deux premiers discours dans son ouvrage Sur les rapports entre la science et la religion révélée, déjà traduit de l’anglais en français et en allemand.