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Le premier genre d’étude, la grammaire, fournit la connaissance même d’une ou de plusieurs langues, connaissance élémentaire et pratique quand elle n’est envisagée que comme préparation à d’autres études, connaissance approfondie et théorique, quand il s’agit de recueillir les élémens et de formuler les lois essentielles d’une langue donnée. Des recherches sur l’alphabet d’une langue Asiatique et sur son système d’écriture, recherches dont l’ensemble constituerait la Paléographie Orientale, et celles qui ont pour objet la formation des formes du langage, les propriétés et les ressources de la phraséologie, concourent à ce double but, qui fait de la science grammaticale l’auxiliaire de la plupart des travaux scientifiques.

Une deuxième étude, celle que j’appellerais l’étude littéraire des langues Orientales, présuppose la première ; elle se produit sous des formes diverses, interprétation des textes, critique littéraire, histoire littéraire, et si elle acquiert ainsi sous plusieurs rapports une importance légitime, elle n’atteint pas un but moins utile et moins élevé en mettant l’intelligence en possession de jouissances nouvelles, en donnant à l’esthétique la matière de nouveaux jugemens et de nouvelles règles.

L’étude de la grammaire et des lettres a tiré de nos jours des secours nombreux et puissans d’une troisième étude qui peut être désignée par le nom d’étude comparative des langues Orientales, mais qui a reçu plusieurs noms dans les diverses écoles : synglosse, grammaire comparée, linguistique, ou philologie comparative. Cette étude qui, envisagée dans sa direction et ses tendances nouvelles, a déjà mérité le titre de science eu égard à la rigueur et à l’enchaînement de ses principes, a pour but de constater l’affinité des langues et de déterminer quel est ou quel a été le domaine des langues de chaque famille ; elle est intimement liée à l’Ethnographie générale parce qu’elle fournit à cette branche des sciences historiques les moyens de reconnaître l’origine des peuples dont