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vons y attacher. On n’a entendu longtemps par langues Orientales que les langues de la seule famille Sémitique, parlées surtout dans les contrées occidentales de l’Asie ; le nom ainsi compris est resté en usage jusqu’à la fin du siècle dernier, tant que l’hébreu et les idiomes auxiliaires de la même souche ont été l’objet exclusif d’une culture sérieuse et systématique dans les écoles et les académies de l’Europe[1]. Aujourd’hui la signification des mots langues Orientales ne peut être aussi restreinte, puisque les langues des autres familles de peuples Asiatiques ont réclamé à leur tour une place dans l’enseignement ou dans les travaux de la science. En présence de la carrière bien plus vaste qui est ouverte à nos recherches, les mêmes mots nous révèlent à l’instant une idée plus grande aussi : ils désignent l’ensemble des langues parlées et cultivées dans toute l’étendue de l’Asie, ainsi que dans une partie de l’Afrique et de l’Océanie où leurs rejetons se sont propagés, en un mot toutes les langues qui appartiennent au groupe immense des pays situés à l’Est de l’Europe et tour à tour éclairés par les formes multiples de la civilisation Asiatique. Telle est la portée nouvelle de la dénomination anciennement usitée de langues Orientales ; elle s’applique aux langues originales du vaste continent d’où plusieurs idiomes, à la suite des révolutions intérieures et de la migration des plus grands peuples, se sont répandus avec eux sur d’autres terres et ont porté dans d’autres climats l’influence de leurs mœurs et de leur pensée. Il y a un intérêt naturel à suivre les langues d’origine Asiatique dans leurs conquêtes lointaines sur le continent de l’Afrique, dans l’archipel Malay ou dans la Polynésie ; cependant, pour mieux rapporter cette étude à son but littéraire, il importe de lui

  1. C’est en vain que dans la Préface des Mines de l’Orient et ailleurs Mr  de Hammer cherche à revendiquer le titre exclusif de langues Orientales pour trois langues, l’Arabe, le Persan et le Turk, celles auxquelles l’interprète impérial de Vienne a voué dès sa jeunesse un culte passionné.