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DE L’ÉTUDE ET DE LA CLASSIFICATION
DES LANGUES DE L’ORIENT DANS LEUR RAPPORT
AVEC L’HISTOIRE LITTÉRAIRE[1]




Messieurs,

Je vous ai faits juges des raisons qui m’ont porté à chercher dans la vie des nations et en dehors de l’affinité des langues le principe d’une division synthétique des littératures Orientales ; si je n’ai point classé les littératures d’après les langues qui en ont été les organes, j’ai voulu éviter les difficultés que présentent à l’historien les destinées de tant de langues qui se transforment et s’altèrent dans le cours des siècles, en même temps que leur culture littéraire est soumise à des influences d’une nature opposée ; c’est à dessein que j’ai renoncé à renfermer dans les limites géographiques d’un idiome ancien et longtemps cultivé l’histoire d’un développement littéraire qui a pu s’étendre à un grand nombre de contrées. Chaque littérature a ses frontières naturelles, qui lui sont tracées par l’empire des idées qu’elle représente et qu’elle propage : assujétir son étude aux exigences de sciences particulières, telles que la linguistique et l’ethnographie, ce serait sacrifier en quelque sorte l’intelligence

  1. Leçons du 5 et du 12 Novembre.