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intervenir qu’à titre d’auxiliaires dans l’histoire détaillée des lettres à une époque donnée.

Telle est, Messieurs, la division générale que je me propose de suivre dans l’étude des littératures de l’Orient ; elle vous fait connaître leur patrie, où nous devons chercher leur formation et leur premier développement ; elle repose, comme vous avez pu l’observer, sur ce qu’il y a de plus intime, sur ce qu’il y a d’essentiel dans la vie des nations Asiatiques, la nature des idées religieuses ; elle est favorable aussi à l’appréciation du beau, tel que les grands peuples de l’Asie l’ont conçu, tel qu’ils l’ont exprimé dans leurs œuvres presque toutes poétiques par leur forme, puisque l’inspiration religieuse n’a pas cessé d’être parmi eux l’âme de la poésie et des beaux-arts. La pensée Orientale est toujours grande, parce qu’elle rapporte les choses du monde à la conception idéale d’une beauté et d’une perfection surnaturelles : aussi son expression est-elle empreinte d’une imposante élévation et renferme-t-elle toute la richesse d’imagination qui puisse être réalisée dans les œuvres d’art. Quand la poésie, s’appliquant aux problèmes les plus sérieux de l’existence, est en Orient la raison chantée, elle emprunte encore au langage ses formes les plus variées et ses couleurs les plus brillantes ; elle s’adresse à la fois à toutes les facultés de l’intelligence ; si elle est trop souvent employée à donner un corps à des abstractions subtiles ou à de riantes illusions, son étude n’est point cependant sans attraits ou sans intérêt, et il semble que la connaissance même de ses défauts ne soit point chose inutile à l’éducation littéraire de l’esprit Européen. Certes, on aurait tort de vanter sans distinction les chefs-d’œuvre du style Oriental, de les prendre sans discernement pour des modèles du bon goût ou d’y chercher les rè-