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SONNETS


LA CHAUVE-SOURIS


Le dieu brillant du jour avait clos sa paupière ;
Des nuages épais tachetaient le ciel gris ;
Le merle et le pinson dormaient sous leurs abris,
Le riche en son château, le pauvre en sa chaumière.

Un fanal rayonnait sur une tour altière ;
Il attira le vol d’une chauve-souris
Qui s’éleva dans l’air, du sein de noirs débris,
Mais, comme ivre, ne put affronter la lumière.

Ainsi l’esprit humain, dans son élan, poursuit
La vérité, flambeau scintillant dans la nuit :
Désireux de sonder l’insondable mystère,

Il monte, monte encore, il plane dans les deux ;
Mais lorsqu’il croit saisir son rêve audacieux,
Il est pris de vertige et retombe sur lerre.



Septembre 1872.