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XIII.


L’exception prouve la règle : c’est un axiome de grammaire et d’histoire. J’établis donc encore, au défi de toute contradiction sérieuse, que les noëls religieux l’ont victorieusement emporté, en France et au Canada, sur les noëls populaires, en citant, à titre d’amusante curiosité, trois cas accidentels où la chanson profane a non seulement triomphé du cantique religieux qui la voulait supplanter dans la mémoire et l’affection du peuple, mais, au contraire, sut garder tout son terrain, c’est-à-dire tous les mots de ses couplets et toutes les notes de sa mélodie.

En étudiant les Nouveaux Cantiques Spirituels du recueil Garnier, il m’arriva d’en lire un, fort typique, Les Bergers de Bethléem, qui se chantait sur l’air :


Il la passa toute
Sans en boire goutte
.


D’ordinaire, quand on veut indiquer au lecteur que la musique de tel ou tel cantique est empruntée à telle ou telle chanson, on le fait par la citation du ou des premiers vers de cette chanson.[1] Mais ici l’éditeur, ou plutôt le compilateur du recueil Garnier procède tout autrement. L’air de la chanson sur lequel est écrit le cantique y est désigné par les deux derniers vers du second couplet.

Il la passa toute, Sans en boire goutte : ces mots, à première lecture, firent écho dans ma mémoire.

  1. Ou bien encore, par le premier vers du refrain de la chanson. Le recueil Garnier nous en donne un exemple à la page 116 de la 4ième partie des Cantiques Spirituels, tome 1er. Le 7ième cantique se chante sur l’air : Où est-il, le petit Nouveau-Né ? C’est le refrain du noël populaire sur la musique duquel Pellegrin écrivit son noël religieux, Ça, bergers, assemblons-nous. — Cf : pages 72 et 72 de ce livre.