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NOËLS ANCIENS

Nous prierons tous Marie,
Et aussi son cher Fils,
Qu’il nous donne la gloire
Là-sus en paradis ;
Après qu’aurons vécu
En ce mortel repaire,
Qu’il nous veuille garder d’aller
Tous en enfer là-bas, la, la,
En tourment et misère.


Le noël de Pellegrin eut un grand succès.... de médisance. C’était beaucoup moins un cantique qu’une satire chantée beaucoup plus par malice que par dévotion. On y chercherait vainement d’ailleurs les sentiments tendres et délicats du Ça, bergers, assemblons-nous, non plus que les belles pensées religieuses du Venez, divin Messie. Les Riches, les Marchands, les Mondaines s’en amusèrent, les Gens de Justice et de Qualité en rirent, les Rois ne tremblèrent point sur leurs trônes, malgré que Pellegrin, jouant au petit prophète, leur eût déclamé en trémolo :

« De votre autorité
L’éclat va disparaître !»

Fâcheusement pour le poète-abbé son cantique avait un couplet de trop, le troisième. Ce prêtre, interdit par son Ordinaire, osait dire aux Prélats :


Puissances de l’Église,
Venez, à votre tour,
D’une âme plus soumise
Faites-lui votre cour.
Auprès de son berceau
Vous devez vous instruire.
Pour bien veiller sur un troupeau
Il faut, de ce Pasteur nouveau,
Apprendre à le conduire ![1]

  1. Sur l’air du noël d’Arpajon et la disposition rythmique des strophes de Pellegrin, un poète anonyme a composé Le Fils du Roi de gloire que l’on chante et chantera dans notre belle province de Québec aussi longtemps qu’on y parlera le français :

    « Le Fils du Roi de gloire
    Est descendu des cieux,
    Que nos chants de victoire
    Eclatent dans ces lieux ; »
    Etc., etc., etc.


    Ce cantique est dans tous les recueils à l’usage de nos maisons
    d’éducation. Inutile donc de le publier ici.