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NOËLS ANCIENS

Il y avait bien un harmonium, accompagnant en sourdine, mais qui donc l’écoutait ? L’attention fascinée allait toute entière à cette voix claire du petit écolier chantant maintenant avec plus d’assurance :


Un Dieu pour nous se fait enfant.
L’amour, vainqueur en ce mystère,
Le captive aujourd’hui,
Tandis que toute la terre,
Que toute la terre est à Lui !


La voix s’est tue, et, avec elle, le petit orgue. Il s’écoule bien encore deux ou trois secondes de silence absolu, puis soudain, les trois cents écoliers reprennent en chœur, dans un tutti formidable, le couplet entier. L’effet de toutes ces voix chantant à l’unisson était immense.

Un flegmatique lecteur me reprochera sans doute cet enthousiasme juvénile, le meilleur en somme et le plus excusable assurément. Je ne crois pas, cependant, qu’il échappe lui-même à l’émotion que me cause la seule lecture de cette poésie séculaire, — de ce carmen seculare de l’Orléanais monarchique, dont les strophes harmonieuses semblent autant de coups d’aile le maintenant immobile, comme un aigle qui plane, à la hauteur d’un chef-d’œuvre.


Silence, ciel ; silence, terre,
Demeurez dans l’étonnement :
Un Dieu pour nous se fait enfant.
D’amour, vainqueur en ce mystère,
Le captive aujourd’hui,
Tandis que toute la terre,
Que toute la terre est à Lui.

Disparaissez, ombres, figures,
Faites place à la vérité ;
De notre Dieu l’humanité
Vient accomplir les Écritures.
Il naît pauvre aujourd’hui,
Tandis que toute la terre,
Que toute la terre est à Lui !