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NOËLS ANCIENS


La pastorale historique du Ranz des vaches poussait au suicide et à la désertion les malheureux soldats suisses. Le divin cantique de Noël, Dans cette étable, et notre suave chanson nationale, À la claire fontaine, n’auront pas, Dieu merci, d’aussi néfastes conséquences. Qu’on les chante là-bas, en toute espérance, dans les États de la Nouvelle-Angleterre. Leurs effets sympathiques ramèneront chez nous, dans notre bien-aimée province de Québec, plus de frères exilés que tout l’effort réuni des agences de rapatriement.

Comme la plupart — l’immense majorité — des noëls religieux, Dans cette étable est un cantique écrit sur la musique d’une chanson populaire dont le recueil Garnier nous a conservé le vers initial : Dans le bel âge. J’oserais même prétendre que cette chanson populaire se chantait, en France, dès les premières années du dix-septième siècle[1], par tout le territoire de l’ancienne

  1. Au temps de Fléchier on chantait aussi sur la musique de cette chanson populaire un cantique spirituel sur les Malheurs de la rechute ;

    Triste naufrage,
    Ô sort trop malheureux
    D’un cœur volage, etc.

    Cf : Garnier : Nouveaux cantiques spirituels, tome Ier, première partie, page 43.

    Je trouve encore dans le Recueil Daulé (pages 161 et 162) un chant eucharistique composé sur cette mélodie :

    Troupe innocente
    D’enfants chéris des cieux,
    Dieu vous présente
    Son festin précieux !
    Il veut, ce doux Sauveur,
    Entrer dans votre cœur ;
    Dans cette heureuse attente
    Soyez pleins de ferveur,
    Troupe innocente !

    Suivent autant de couplets qu’il y a d’actes de foi, d’adoration, d’humilité, de contrition, de désir et d’amour. Ce cantique se chante encore à Québec, sur la musique du noël de Fléchier, aux messes de Première Communion.