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NOËLS ANCIENS
Ballet : Le Temple de
la Paix
. (prologue)
Air :
Préparons-nous pour la fête nouvelle.
Balet : Le  “
Qu’il est doux d’être amant d’une bergère aimable.
Balet : Le  “ Sans crainte dans nos prairies.
BaGrottes de Versailles  “ Goûtons bien les plaisirs, bergers.
MUSIQUE DE CAMPRA[1]
Opéra : L’Europe Galante. Air : Vous brillez seule en ces retraites.
Balet : Leuro  “
J’ai senti, pour vous seule, une flamme parfaite.

    comprenez, dit-il, que pour un opéra, improvisé en huit jours, on n’a pas le temps de faire des décors neufs ; on avait donc cherché ce qu’on avait de moins usé et de moins connu. Ainsi, pour le temple de la Paix, on avait été prendre un temple de la Sagesse qui n’avait pas servi depuis longtemps, mais sur le fronton duquel s’étalait malheureusement l’oiseau favori de Minerve, une énorme chouette. Il fallait au plus vite faire disparaître l’oiseau de mauvais augure, et le remplacer par un soleil, l’emblème de Louis XIV. Mais où trouver un peintre, quand tout était préparé, le décor mis en place, et le roi dans sa loge, trouvant que le spectacle était bien long à commencer ? Le pauvre Lulli s’arrachait les cheveux, il courait partout sur le théâtre, demandant à grands cris un peintre, un décorateur, un badigeonneur. Rien ne venait ; qu’un officier des gardes qui lui avait déjà dit deux fois : « M. de Lulli, le roi attend. » Enfin, on trouva un peintre qui se mit à l’instant à la besogne ; il avait à peine commencé, que l’officier revient de nouveau à la charge :
    x — M. de Lulli, j’ai eu l’honneur de vous dire que le roi attendait.
    x — Eh ! ventrebleu, s’écria celui-ci, que voulez-vous que j’y fasse, moi ? Le roi peut bien attendre, il est le maître ici et personne n’a le droit de l’empêcher d’attendre tant qu’il voudra !
    x Chacun se mit à rire de cette répartie dont la hardiesse faisait le principal mérite. Mais, malheureusement pour Lulli, son mot eu trop de succès ; il vint aux oreilles mêmes du roi. Le monarque absolu qui avait dit un jour : « J’ai failli attendre ! », ne pouvait pas prendre en bonne part la saillie de son musicien. »
    x Adam, Souvenirs d’un musicien, page 90.

  1. André Campra, musicien, naquit à Aix, en Provence, le 4 décembre 1660 et mourut à Versailles, le 29 juillet 1744. Après avoir été maître de chapelle à Toulon, à Arles et à Toulouse,