Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
NOËLS ANCIENS

seule put éteindre l’ardeur et briser l’essor. Elle fut tardive, en effet, l’heure dernière de Pellegrin. Comme la justice de Dieu avait été patiente, sa miséricorde fut généreuse à son égard. Elle lui accorda une longue vieillesse, donnant ainsi à son repentir le temps d’amasser un trésor de mérites.

J’ai dit précédemment, et je le répète ici avec plaisir, que Pellegrin fut un modèle de probité littéraire. Il le fut au point de faire regarder comme de la fausse modestie, de l’orgueil mal dissimulé, les légitimes indignations de cet honnête écrivain auquel on attribuait la paternité de poésies, d’ailleurs fort remarquables, mais absolument étrangères à sa plume, et qu’il était parfaitement justifiable de répudier. On chercherait en vain, non seulement dans les Poésies chrétiennes, mais encore dans l’œuvre entière — toute la lyre — de Pellegrin, un seul exemple de plagiat ou d’imitation servile tel qu’en renferme le recueil Garnier. L’intègre écrivain ne se permit aucune de ces adaptations, encore plus malhonnêtes que faciles, qui ruinent à jamais le crédit et la réputation d’un auteur.

Sans doute les cantiques de Pellegrin n’égalent pas ceux de Corneille, de Racine, de Fénelon, de Fléchier, de Jean-Baptiste Rousseau, ou de Le Franc de Pompignan ; ils ne sont point classiques. Mais, en revanche, leur valeur littéraire, leur caractère religieux dépassent de cent coudées les noëls populaires qu’ils ont si avantageusement remplacés dans la mémoire et sur les lèvres du peuple. J’ai publié trois de ces noëls populaires, verbatim et in extenso, bien en regard de trois noëls nouveaux de Pellegrin (Ça, bergers, assemblons-nous, — Venez, divin Messie, — Allons tous à la crèche). Je m’étais imposé cette tâche et ces frais de copie à la Bibliothèque Nationale de Paris[1] afin de mieux établir, par la vio-

  1. Ouvrages consultés : Vol. no 6,103, — Recueils de noëls ; — Vol. no 14,328, — Noëls divers imprimés au commencement du 16ième siècle ; — Vol. no 14,329, — Cantiques de noëls anciens, Au Mans, Fr. Olivier, (sans date) in-8.