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NOËLS ANCIENS

prît fantaisie d’écrire, à l’exemple du romancier parisien, l’histoire de son repentir, il accepterait sûrement l’observation que Féval adressait à son alter ego et publierait, à son tour, les Étapes d’un converti. “ À mon insu, dirait-il, en utilisant le mot à mot de la préface de l’illustre écrivain catholique, mes joies et mes douleurs, mes triomphes et mes défaites m’ont rapproché de Dieu. Ce n’est pas la Conversion qui est venue à ma rencontre, c’est moi qui ai marché vers elle. Je m’étais éloigné de l’Église, je m’en suis rapproché, j’y suis rentré à temps pour y vivre et je suis mort dans sa paix. J’ai voulu marquer les diverses stations de mon retour au sanctuaire et raconter, étape par étape, ce miséricordieux voyage de ma pauvre âme, anxieuse de retrouver le repos de sa conscience et la dignité de son sacerdoce. »

Ce repentir profond, sincère, édifiant au possible, explique mieux que tout autre fastidieux commentaire la ferveur et la constance de son œuvre de réparation. Féval réédita ses romans soigneusement revus et corrigés ; Pellegrin fit davantage. Il voulut qu’on oubliât absolument et les libretti de ses opéras et les poésies trop légères de ses vaudevilles.

À cette fin il composa deux volumes de Poésies chrétiennes[1], et mit en vers l’Ancien et le Nouveau Testament, les Psaumes, les Dogmes de la religion, les Proverbes de Salomon, l’Imitation de Jésus-Christ, etc., etc. Son œuvre poétique est d’une prodigieuse fécondité. Ses Noëls nouveaux comptent, eux seuls, plus de dix mille vers.

Tout fut extrême chez Pellegrin, le défaut et la qualité. Malgré ce qu’en ont dit ses biographes, sa vanité, qu’ils ont tenue pour sans égale, fut dépassée par cette belle et noble passion des lettres où l’amour du travail intellectuel s’enfiévrait d’un prosélytisme dont la mort

  1. Elles comprennent cinq recueils de Cantiques spirituels, au nombre de 221, six recueils de Noëls nouveaux, au nombre de 176, et trois recueils de Chansons spirituelles, au nombre de 46, donnant, au total, 443 poésies.