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NOËLS ANCIENS


PASTORALE
LE BERGER-ROI
PARODIE SPIRITUELLE
xxxxSur l’air Aimable musette
Confidente de mon cœur.

xxxAimable musette,
Confidente de mon cœur,
xxxChantez mon bonheur.
J’ai pour sceptre une houlette,
Pour peuple, un tendre troupeau,
xxxPour sentinelle,
xxxUn chien fidèle,
Pour état, les bords d’un ruisseau.
xxxPuissants rois du monde,
Votre sort est-il plus doux ?
Régnez sur la terre et sur l’onde,
Mon cœur n’en sera pas jaloux.
x Je règne, sans diadème,
xxxSur mes moutons
xxxEt sur moi-même ;
Je suis plus heureux que vous !

xxxAimable musette,
De l’amour d’un Dieu Sauveur
x Chantez la douceur
Et le sceptre et la houlette,
Tout est égal sous ses loix :
xxxOn vit sans crainte.
xxxEt sans contrainte,
Dès qu’on est docile à sa voix.
xxxPuissants rois du monde
Votre sort est-il plus doux ?
Régnez sur la terre et sur l’onde,
Mon cœur n’en sera pas jaloux.
x Sans porter le diadème,
xxxLe vrai chrétien,
xxxRoi de soi-même,
Est bien plus heureux que vous !


L’histoire se répète. Ce procédé déshonorant me rappelle le mot cynique d’un compositeur, célèbre dans notre jeune monde littéraire, convaincu d’une imposture identique : — « Les paroles ne sont point de moi, mais la musique est d’un autre ! » Ce mais était exquis ! Toute sa justification tenait dans les quatre lettres de ce petit adverbe, encore plus grand que son excuse. Il ajoutait, avec un aplomb de pyramide, l’air bonhomme et narquois : — « Eh ! dites donc, mes droits d’auteur sont incontestables ! C’est évident !! »

L’effronté plagiaire fit comme il disait. Il enregistra son ouvrage au département de l’Agriculture et de la Statistique, à Ottawa.

Proudhon aurait-il eu raison d’écrire : La propriété, c’est le vol ?