si Monseigneur Plessis n’y eût mis bon ordre dès son avènement au trône épiscopal de Québec. Ce fut lui qui prohiba la fameuse ritournelle avec bien d’autres prétendus chants d’église que leur sans-gêne littéraire et leur pimpante allure musicale rendaient absolument indignes des échos du sanctuaire.[1]
Dans tous les cas, la chanson du Grand Père Noé a bel et bien tué le cantique du Père Noël expressément écrit pour l’enterrer elle-même. Et fut pris qui voulait prendre : c’est la moralité de la fable du rat et de l’huître. Bacchus est un malin qui ne permet pas toujours à Santa Claus de lui faire un cercueil avec son propre tonneau. Il y a quatre-vingts ans et plus que le noël bourguignon est mort et l’on chante encore aujourd’hui, à gorge déployée, comme au bon temps de 1750 :
Je bois du bras gauche
C’est absurde, idiot, inepte au possible, tout ce qu’il vous plaira, je l’admets sans conteste, mais enfin c’est drôle, incontestablement drôle ; et je maintiens que cette vieille barrique de république fera rire aussi longtemps qu’il y aura sur terre une bouteille et un ivrogne en présence.
- ↑ Un beau vieillard de quatre-vingts ans, M. Louis Chevalier,
ancien fermier des métairies du Séminaire de Québec, à St-Joachim,
me chantait naguère une chanson bachique de son jeune
temps, composée sur la très ancienne musique — une mélodie
grégorienne — du fameux noël : Silence, ciel ; silence, terre.
En voici le premier couplet :
Si j’étais roi jamais la guerre
Ne régnerait dans mes états ;
Mais au milieu d’un bon repas
Je fais la guerre à coups de verre.
Amis, quand j’ai bien bu
Je crois que toute la terre
Que toute la terre est à moi ! (bis)Silence, ciel ; silence, terre,
Demeurez dans l’étonnement :
Un Dieu pour nous se fait enfant.
L’amour, vainqueur en ce mystère,
Le captive aujourd’hui,
Tandis que toute la terre,
Que toute la terre est à Lui ! (bis)Une chanson bachique entée sur l’air d’un cantique religieux offre un cas d’exception trop rare pour n’être pas ici mentionnée.