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NOËLS ANCIENS

Robespierre. Sur l’air de Quand la Mer Rouge apparut, (premier vers du second couplet de la chanson du Grand Pèr’ Noé) l’on faisait chanter à l’excellent médecin philanthrope la spirituelle boutade que voici :

C’est un coup que l’on reçoit
Avant qu’on s’en doute ;
À peine on s’en aperçoit
Car on n’y voit goutte !
Tout à coup, étant lâché,
Le couperet fait tomber,
Fait tomber, ber, ber,
Fait sauter, ter, ter,
Fait tomber, fait sauter,
Fait tomber la tête.
C’est bien plus honnête !

Mais pour bien faire la cour
À ce nouveau Maître,
Notre zèle et notre amour
Doit surtout paraître.
Que chacun offre son cœur
Tout brûlant de cette ardeur
C’est la sain, sain, sain,
C’est la to, to, to,
C’est la sain, c’est la to,
C’est la sainte offrande
Que Jésus demande.

Connaissez-vous, lecteurs, refrain plus cocasse, plus pittoresque et boute-en-train ?

C’est la sain, sain, sain,

C’est la to, to, to,
C’est la sain, c’est la to,
C’est la sainte offrande

Que Jésus demande.

Un équilibriste japonais ne jonglerait pas mieux avec ses billes que ce chansonnier spirituel, j’écrirais même spirituel chansonnier, avec les mots de son cantique. Il carambole sur leurs syllabes en virtuose de billard.

Cette bouffonnerie rappelle, en l’éclipsant peut-être, l’une des meilleures facéties d’Offenbach sur les maris ré - cal - ci - trants de la Périchole :

Les maris — ré-

Les maris — cal-
Les maris — ci-

Les maris — trants,

Pour moi, je vous confesse que le cantique me fait encore plus rire que la chanson.

Eh ! me direz-vous, oseriez-vous soutenir qu’un pareil rigaudon se chantait dans nos églises ? J’en suis à ce point convaincu, qu’on l’y entendrait peut-être encore