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NOËLS ANCIENS

Ils me semblaient très connus, me rappelaient même le timbre d’une voix familière qui, bien certainement, me les avaient chantés quelque part. Mais où et quand ? L’hésitation fut courte cependant, le refrain de la chanson bachique — c’en était une — m’était revenu tout à coup en une bouffée de joie, en un éclat de rire que je reconnus parfaitement. C’était la chanson du Grand Pèr’ Noé, un air du Caveau de Paris, d’un comique irrésistible, et que l’on chantait au Petit Cap Saint-Joachim du temps que j’étais écolier, à l’âge d’or des vacances. La voici, telle que transcrite des Annales musicales du Petit Cap, ouvrage inédit de Mgr Thomas-Étienne Hamel[1].

  1. Les Messieurs du Séminaire de Québec possèdent, sur leur Ferme du Petit Cap, à Saint-Joachim, comté de Montmorency, une princière villa. C’est à cette somptueuse maison de campagne qu’un certain nombre d’écoliers, par un privilège que leur a mérité leur bonne conduite durant l’année scolaire, passent leurs vacances. Sans parler de ses dépendances, la villa se compose de deux grands corps de logis séparés : du Château Belle-Vue où résident les prêtres, et de Notre-Dame de Liesse — un heureux vocable, n’est-ce pas ? — où pensionnent les écoliers. Une chapelle, dédiée à Saint-Louis de Gonzague, patron de la jeunesse, occupe le centre d’un bois planté de chênes et d’ormes, superbes de stature et de feuillage.

    Mgr Hamel, un des hommes les plus actifs que je connaisse, et qui se repose en travaillant, a pris à cœur de recueillir, dans ces Annales musicales du Petit Cap, toutes les chansons en vogue à Saint-Joachim, au temps de vacances ; chansons de marche, chansons de rame, etc., etc. Il s’est principalement étudié à collectionner les différentes versions musicales de chacune d’elles avec le nom de l’écolier, du prêtre ou de l’hôte qui l’ont introduite au Petit Cap. Ce précieux ouvrage, encore inédit, sera d’un grand secours à nos musiciens désireux d’écrire plus tard l’histoire de la chanson canadienne-française.