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ET SES AMIS

et d’honneur d’aller déposer elle-même, à St-Nicolas-des-Champs, la cendre de cet homme qui lui donnait rendez-vous en Dieu, dans l’éternelle communion des saints.

L’attachante lecture des dernières volontés de Frontenac nous signale encore un petit fait, absolument significatif.

« Et le dit présent testament accompli, ses domestiques[1] et dettes contractées en ce pays étant payés, auront soin, les dits exécuteurs, de remettre en mains de Madame la comtesse, épouse de lui seigneur testateur, ce qui se trouvera du reste de ses dits biens en ce pays. »

L’intendant Bochart de Champigny s’imposa comme un devoir de conscience et d’amitié le soin d’accomplir ce dernier vœu de Frontenac. Après la délivrance des legs, il envoya les deniers restant à Madame de Frontenac. Et elle les accepta.

Le caractère distingué de Madame de Frontenac, l’honnêteté de ses mœurs, l’excellence de sa réputation, son rang social, son éducation raffinée, son impeccable savoir-vivre, toutes enfin les qualités de la grande dame et les vertus de la femme chrétienne étant considérées et reconnues ; étant donné de plus les magnifiques antécédents de sa conduite dans le service des intérêts politiques de son mari et de ceux de Madame de Maintenon, je demanderai à mon lecteur s’il est vraisemblable, possible même, qu’elle ait reçu d’une main les quelques misérables cents livres que lui léguait Frontenac et refusé de l’autre ce cœur, bien mort en apparence, mais, en réalité, plus

  1. Son valet de chambre, Duchouquet, hérita de sa garde-robe et de sa vaisselle d’argent.
    En consultant, au Bureau du Greffier de Québec, département des archives judiciaires, les minutes de Genaple de Bellefonds — juin 1699 — on trouve une procuration de Madame de Frontenac à Charles de Monseignat, le secrétaire de Frontenac, l’instituant son procureur et l’autorisant à la représenter au règlement de la succession de son mari qui l’avait faite sa légataire universelle. Sur la chemise du document on lit : « deux expéditions en ont été délivrées au dit Sr. de Monseignat, son procureur, le 5 sept. 1699, et une troisième le 9 octobre 1699. »