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FRONTENAC

Voyez connue il l’associe pleinement à ses désirs, à ses craintes, à ses espérances, aux préoccupations comme aux préparatifs du grand voyage, lorsque, elle aussi, partira pour cet autre monde d’où personne ne revient, mais où les disparus de celui-ci se retrouvent dans une union qui ne connaîtra plus les déchirements et les séparations de la terre :

« Et au surplus donne en aumône en faveur des dits RR. PP. Récollets de ce pays, entre les mains du sieur de Boutteville, le syndic ordinaire et receveur de leurs aumônes, la somme de quinze cents livres, monnaie de France, pour être employée à l’achèvement de la bâtisse ou autres nécessités de leur couvent de cette ville, à prendre sur les biens et effets qui se trouvent appartenant à lui seigneur testateur en ce dit pays au jour de son décès, et ce, à la charge de dire et célébrer, par les dits RR. PP. Récollets en la dite église de cette ville, tous les jours, une messe basse pendant l’an du décès du dit seigneur testateur pour le repos de son âme ; en outre un service annuel tous les ans (sic), à perpétuité, à pareil jour de son dit décès, lequel service annuel il désire et veut être appliqué conjointement pour la dite Dame son épouse lorsqu’elle sera décédée. »

Ce ne fut donc pas à l’Arsenal, chez Madame de Frontenac, que se rendit le Père Joseph Denis de la Ronde, dès qu’il fut arrivé à Paris, mais à St-Nicolas-des-Champs, à la chapelle des Messieurs de Montmort, l’une des plus célèbres de cette église. Madame de Frontenac ne fut donc pas à la peine de refuser cœur mort qui, vivant, ne lui avait jamais appartenu.

J’irai plus loin dans mon affirmation, maintenant que nous connaissons tous l’esprit et la lettre du testament de Frontenac. J’ai la certitude morale, l’intime conviction, que si le Père Joseph Denis de la Ronde — l’événement en serait des plus vraisemblables — que si le Père Joseph Denis de la Ronde eût porté à la comtesse de Frontenac le cœur embaumé de son mari défunt, celle-ci, loin de le refuser, se fût fait un devoir de religion