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FRONTENAC

« (46) À peine le (Frontenac) vit-on sortir une fois du château où la présence des ennemis le fit rentrer bien vite. »

Il serait difficile de vilipender davantage le Sauveur de la Nouvelle-France ! C’est ainsi que Bacqueville de la Potherie saluait Frontenac au lendemain de la levée du siège de Québec par les Puritains !

Non seulement le ténébreux Zoïle outrage ainsi Frontenac dans la plus incontestable de ses qualités personnelles, la bravoure militaire, mais il insulte en lui l’armée canadienne-française, accourue à l’appel de la capitale menacée, et dont il était la plus illustre personnification.

Olivier Goyer, aux dernières pages de son oraison funèbre, avait exalté l’intrépidité de Frontenac, menant, à l’âge de soixante-seize ans, avec la fougueuse ardeur d’un Condé, la glorieuse campagne de 1696 contre les Iroquois :

« S’ils remuent, disait-il, Frontenac ira les forcer dans la profondeur de ces forêts qui paraissent impénétrables (47) et il les fera fuir devant lui. »

La critique anonyme ne désarme pas ; tout au contraire il le suit jusqu’à la fin, et répète l’injure :

« (47) Ce n’est pas sa présence (de Frontenac) qui leur fit (aux Iroquois) prendre la fuite, mais le grand nombre de Français auxquels ils n’étaient pas capables de faire tête. »

Ces quelques traits suffisent à donner une idée exacte de la valeur et de la sincérité des Remarques sur l’oraison funèbre de M. de Frontenac.

Sur qui faire peser l’infamie de ce ténébreux attentat littéraire ? Mais à quoi bon s’enquérir ? Démasqué, ce diffamateur inconnu serait-il plus conspué, méprisé davantage ? La chose me paraît difficile. Parkman nous rapporte que Jacques Viger, notre éminent antiquaire canadien-français, attribuait la paternité des annotations