Page:Myrand - Frontenac et ses amis, 1902.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
ET SES AMIS

criminellement retouché. Une main inconnue salit de commentaires outrageants[1] le manuscrit du prédicateur.

On sait l’admirable bravoure déployée par Frontenac au siège de Québec en 1690. Aussi, le Père Goyer s’écriait-il avec raison, dès l’exorde de son oraison funèbre :

« Grand dans les périls par son courage, il ne s’y exposa jamais avec témérité, il en sortit toujours avec honneur. »

Et plus loin : « L’économie de mon discours me borne aux vertus militaires (46) que ce digne fils de tels pères a recueillies comme la plus belle portion de son héritage. »

Savez-vous la manière du diffamateur masqué, critiquant ces deux phrases ? Voici comment il procède. Il observe dans ses Remarques un bel ordre d’annotations chiffrées insérées dans le texte. Comme ceci :

« Grand dans les périls par son courage (14), il ne s’y exposa jamais avec témérité (15), il en sortit toujours avec honneur (16). »

Suivent les commentaires, chacun bien en regard de l’annotation chiffrée :

« (14) Transeat : on ne doit pas contester ce que l’on n’a pas vu.

« (15) Cela est vrai. On l’a remarqué surtout lorsque les Bostonnais vinrent assiéger Québec.

« (16) Le bonheur lui en voulut en cette occasion aussi bien qu’à toute la colonie, et il a été obligé d’avouer plusieurs fois que le Canada n’était pas redevable, pour ce coup, de sa délivrance à la force ou à l’industrie des hommes. »

  1. Cf : Oraison funèbre du Comte de Frontenac, par le Père Olivier Goyer, telle que publiée par M. Pierre-Georges Roy, dans le Bulletin des Recherches Historiques de 1895, livraisons de mai, page 68, livraison de juin, pages 82 et 86, et livraison de juillet, pages 102, 103 et 108.