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CHAPITRE IX


Calomnies historiques répandues contre les Frontenacs : — le duel de François-Louis de Buade ; — les Remarques sur l’oraison funèbre du comte de Frontenac ; — l’anecdote du coffret d’argent. — Réfutation.


La calomnie désarme d’habitude devant le cercueil de ses victimes : c’est le contraire qui arrive pour les Frontenacs. Leurs cadavres inspirent encore de la haine ; il est heureux qu’ils soient tombés en poussière : momies, ils seraient encore souffletés.

Spectacle encore plus odieux qu’étrange, celui-là qui s’épuise davantage à leur prodiguer l’outrage ne les connut même pas. De leur côté, les Buades l’ignorèrent parfaitement. Je m’expliquerais l’abbé Fénélon, l’intendant Duchesneau, son successeur Champigny, le gouverneur Perrot, ou bien encore l’impétueux Père Carreil agissant de la sorte, quoique le procédé ne fût pas beau. Ces victimes de la tyrannie de Frontenac avaient de bonnes raisons de rancune et de plainte : aussi, rien d’étonnant qu’ils vinssent à stigmatiser la conduite de leur ennemi politique, et cherchassent, par tous les moyens, à le faire censurer par l’histoire. Mais que l’abbé La Tour se charge de cette triste besogne, je n’en vois ni la convenance ni l’à-propos. Encore une fois, les Frontenacs ne lui causèrent aucun mal, ne trompèrent aucune de ses convoitises, ne ruinèrent aucun de ses projets,

— Comment l’auraient-ils fait, puisqu’il n’était pas né ?

Et cependant La Tour ne perd aucune occasion de leur être désagréable ; son amertume de langage à leur adresse est telle, qu’il semble, pour le lecteur, non plus obéir au sentiment obscur d’une antipathie irrationnelle,