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FRONTENAC

divertie. J’avais lu les mémoires de la reine Marguerite ; tout cela, joint à la proposition que la comtesse de Fiesque, Madame de Frontenac ET SON MARI me firent des mémoires, me fit résoudre à commencer ceux-ci. J’écrivis en peu de temps, depuis le commencement jusqu’à l’affaire de l’Hôtel-de-Ville, » etc.[1]

Puisque Frontenac rencontrait sa femme à Saint-Fargeau, pourquoi n’en pas conclure qu’il la rencontrait aussi bien à Forges, à Pont, à Montargis, à Blois, si près de l’île Savary, où quelques semaines plus tard Mademoiselle de Montpensier se rendait, sur l’avis de Messieurs de Beaufort et Béthune, qui déjà lui ménageaient une entrevue avec la Cour et préparaient ainsi sa rentrée en grâce ? Et que penser, conséquemment, des affirmations de ce biographe[2] nous racontant que « les tentatives de rapprochement faites par Frontenac ne firent qu’irriter la comtesse et lui inspirer une véritable aversion pour son mari » ? Peu de chose, n’est-ce pas ?

Cet habile écrivain se garde bien de nous dire l’espèce de tentatives faites par Frontenac auprès de sa femme ; et pour cause : ce serait dévoiler du même coup la nature et la gravité de l’offense commise. Ce motif, évidemment, lui a fait encore oublier de fixer la date, ou de mentionner l’époque de ces démarches pacificatrices et conciliantes. La même raison explique aussi le soin qu’il prend de nous laisser ignorer absolument qui, de l’épouse outragée ou du mari coupable, désarma le premier : celui-ci demanda-t-il pardon d’abord, celle-là promit-elle d’oublier ensuite ? L’hypothèse en est parfaitement oiseuse. Tout ce que l’on sait est qu’un effroyable malheur frappa la Divine et noya dans les larmes un ressentiment qu’elle-même avait juré implacable. En la personne de Madame de Frontenac le cœur de la mère fut encore plus cruellement

  1. Cf : Carette, Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, pages 129 et 130.
  2. Cf : L’Enseignement Primaire, livraison de décembre 1898, no 4, pp. 211 et 212. Madame de Frontenac, par M. l’abbé H. R. Casgrain.