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cette Mère auguste des Sciences, des Lettres, et des Arts, à l’occasion de son Jubilé. Vous étiez, avec raison, fort perplexe dans le choix d’un cadeau qui fût pour elle, comme les joyaux de la mère des Gracques, une joie et un orgueil. Vous vous demandiez avec le Fabuliste :

Mais, quand nous serions rois, que donner à des dieux ?

En effet, l’université Laval ne pouvait-elle pas dire aux mieux doués d’entre nous :

— Que pourriez-vous m’offrir que je ne vous aie donné auparavant ?

Les hommes d’affaires, amis de l’institution, rêvaient bien d’un chèque de cent mille dollars à glisser dans la corbeille ; mais, bien que ce songe fût d’or, il y avait, pour les hommes de lettres, quelque chose à offrir de plus précieux et de plus noble que l’argent.

L’affection est ingénieuse, et, très souvent, le cœur a des ressources que l’imagination ne soupçonne pas. Et vous avez trouvé !

Grâce à vous, notre belle université française possède aujourd’hui une Chaire de lettres. Sans doute, vos collègues au gouvernement de Québec partagent avec vous l’honneur de cette fondation essentiellement patriotique, mais lequel d’entre eux oserait-il revendiquer l’initiative de ce succès définitif ?

Aussi le sentiment qui m’anime en est-il un de reconnaissance et d’admiration à votre égard, sentiment que partagent avec moi tous les anciens élèves de Laval et tous les dévots au culte des lettres canadiennes-françaises.

J’ai l’honneur d’être,
Monsieur le Ministre,
avec la plus haute considération,
Votre tout dévoué serviteur et ami,


Ernest Myrand.

Québec, 25 juin 1902.