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CHAPITRE VIII


Monsieur et Madame de Frontenac dans le roman et dans l’histoire. — Leur vie domestique après la Fronde, 1652, et après le scandale Montespan, 1672. — L’honneur du nom, unique et suprême raison de la fidélité, de la constance et du dévouement d’Anne de la Grange envers son mari. — Son zèle à défendre sa conduite politique. — Le Mémoire qu’elle adressa, en 1681, au marquis de Seignelay, et la visite qu’elle reçut, en 1697, de Mgr de Saint-Vallier.


Un livre qui n’a pas médiocrement contribué à discréditer Madame de Frontenac dans l’opinion publique est, à mon avis, le François de Bienville de mon estimé cousin, M. Joseph Marmette. Écoutez comment il fait parler Frontenac au cours d’un entretien confidentiel avec Bienville :

« Lorsqu’en 1672 je fus nommé pour la première fois gouverneur du Canada, ma femme refusa de m’y accompagner. Même, dix ans après, le roi m’ayant rappelé en France, la comtesse me reçut aussi froidement que si je l’avais quittée la veille ; et, durant les sept années qui suivirent, je lui fus pis qu’un étranger. L’an dernier enfin, proposé une seconde fois au gouvernement de la Nouvelle-France, je dus quitter de nouveau ma femme sans qu’une larme vint dessécher sa paupière, » etc.

Et cela continue ainsi tout le long de la page 269 et se poursuit à la page suivante avec le même accent dolent. Oyez, lecteurs.

« À présent que le chagrin, plus encore que la vieillesse, a sourdement miné ma vie, aujourd’hui que je suis vieux et souffreteux, je sens bien que la brillante comtesse ne voudra jamais laisser les délices dont elle a su s’entourer à la Cour (elle n’y allait jamais !) pour venir en cette colonie s’enterrer vivante auprès d’un sexagé-