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FRONTENAC

Lettre 50ième
À la même

Ses discours (ceux de Louis XIV) m’affligeraient bien plus vivement si je ne savais pas qu’ils lui sont inspirés. Je n’eus jamais tant de plaisirs éclatants d’un côté, ni tant de chagrins de l’autre. Je n’ai point de plan fixe parce que mes mesures sont tous les jours dérangées. Je suis si malheureuse, je l’ai tant été jusqu’ici, qu’il y a espérance que la prospérité ne me gâtera pas.



Lettre 51ième
À la même

J’obtiens tout : mais l’envie me le vend bien cher. Mon cœur est déchiré, et le sien n’est pas en meilleur état. À quarante-cinq ans il n’est plus temps de plaire ; mais la vertu est de tout âge. Tout le bien que vous dites de mon esprit, on l’a dit autrefois de mon visage : ces louanges ne me séduisaient point ; jugez si je ne résisterai pas aux vôtres.



Lettre 52ième
À la même

Ruvigni est intraitable. Il a dit au Roi que j’étais née calviniste et que je l’avais été jusqu’à mon entrée à la Cour. Ceci m’engage à approuver des choses fort opposées à mes sentiments. Il y a longtemps que je n’en ai plus à moi. Que je serais heureuse si c’était à Dieu que j’en eusse fait le sacrifice !



Lettre 53ième
À la même

Il n’y a que Dieu qui sache la vérité…