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FRONTENAC

importante à faire sur le dix-septième siècle. Aussi, dans une nouvelle[1] édition des Lettres de Madame de Maintenon, en ai-je trouvé dix adressées à Madame de Frontenac. Ce sont plutôt des fragments de lettres ; mais tout mutilés qu’ils soient, ils prouvent surabondamment la confiance absolue que Françoise d’Aubigné reposait dans la sagesse et la discrétion d’Anne de la Grange. Quelle intimité dans les confidences et quelle sincérité dans les aveux ! Au point que cette correspondance, ascétique par maints endroits, nous laisse, après lecture, sous l’impression pénible que nous causerait une confession surprise, entendue par accident, et malgré nous. Nous en demeurons embarrassés, confus, honteux pour nous-mêmes, comme s’il nous était arrivé de commettre tous les péchés dont le pénitent s’accuse. C’est là, du moins, mon sentiment ; il est peut-être exagéré.

Voici les dix fragments de lettres adressées par Madame de Maintenon à Madame de Frontenac. Ils

  1. Cette nouvelle édition est loin d’être récente. Elle porte le millésime de 1758 et n’est qu’une deuxième édition des Lettres de Madame de Maintenon, (9 volumes in-12,) par La Beaumelle, publiée à Amsterdam en 1756.
    Cette trouvaille de l’édition La Beaumelle à la bibliothèque de l’université Laval de Québec ne m’a causé qu’une médiocre satisfaction. Je lui eusse préféré, et de beaucoup, l’édition définitive du même ouvrage (12 volumes In-18) publiée à Paris par Th. Lavallée en 1854. Je me suis laissé préjuger, et avec raison je crois, contre La Beaumelle que M. Léon Aubineau, dans ses Notices littéraires sur le 17ième siècle (Paris 1859, cf : pages 535 à 543 inclusivement) accuse et convainc d’avoir « tronqué, falsifié, altéré, inventé, souvent avec esprit et souvent avec ignorance, » les Lettres de Madame de Maintenon. Mais je n’avais pas le choix des éditeurs. Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a. Ce proverbe est d’une logique et d’une philosophie admirables. Va donc pour La Beaumelle !
    Seulement, si quelqu’un de mes lecteurs avait la bonne fortune de posséder une édition Lavallée des Lettres de Madame de Maintenon, je l’aviserais de comparer le texte de l’édition La Beaumelle sur celui de l’édition Lavallée. Cette expérience pourrait l’intéresser.