Page:Myrand - Frontenac et ses amis, 1902.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
FRONTENAC

Paris presque aussitôt, suivi par sa petite armée. Sa retraite porta le coup fatal à la Fronde[1].

La chronique scandaleuse de l’époque, qui ne recula pas même devant le danger redoutable d’irriter et de ridiculiser Louis XIV en nommant tous les souteneurs de la Montespan — Frontenac était des premiers sur la liste — cette chronique scandaleuse, dis-je, si friande d’anecdotes piquantes et faisandées, n’eût certes pas hésité à nommer, alla, mezza o sotto voce, le « bon ami » de la Divine. Elle chercha même à insinuer, au début de sa carrière politique, que Louis XIV l’avait recherchée avant d’accorder sa faveur à Mademoiselle de Mortemart. Mais cet essai de diffamation échoua misérablement et ne se renouvela pas. Le duc du Lude, celui-là même qui lui avait donné un appartement à l’Arsenal[2] semblerait, n’est-ce pas, le plus compromis, tout désigné en apparence et prêter flanc à ses mordantes attaques. Il n’en est rien cependant, car sa conduite à l’égard de la comtesse est à ce point irréprochable de tenue qu’elle n’éveille même pas les soupçons de l’incorrigible commère.

À la date, déjà lointaine, du 12 octobre 1854, Le Journal de Québec reproduisait en première page une étude historique sur la comtesse de Frontenac. Ce beau travail était signé d’un nom de plume bien connu : C. de Laroche-Héron. Ce pseudonyme voilait la modestie plutôt qu’il ne masquait la personnalité d’un sympathique

  1. Un aimable poète, Pavillon, contemporain de Charles IV, disait de lui : « Il a les yeux du chat, et sa perfidie. »
    Conrart, l’académicien au silence prudent, dont parle Boileau, Conrart disait encore que ce duc de Lorraine tenait beaucoup plus du brigand que du prince.
    Les descendants de Charles IV occupent aujourd’hui le trône impérial d’Autriche.
  2. L’Arsenal, où Madame de Frontenac avait obtenu le privilège d’occuper un appartement, était l’ancienne résidence de Sully, le grand ministre de Henri IV. Il est aujourd’hui transformé en bureau d’archives.