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ET SES AMIS

Enfin Madame de Motteville, décrivant la beauté de cette même Madame de Longueville (Anne-Geneviève de Bourbon), après avoir parlé avec enthousiasme de ses yeux d’un bleu admirable, pareil à celui des turquoises, et de ses cheveux blonds argentés, ajoute : « Avec cela une taille accomplie, ce je ne sais quoi qui s’appelait bon air, air galant, dans toute sa personne, et de tout point une façon suprême. Personne, eu l’approchant, n’échappait au désir de lui plaire : son agrément irrésistible s’étendait jusque sur les femmes. »[1]

Qui oserait traduire par cour dissolue la galante cour que regrettait Madame des Houlières, par impudent, effronté, le bon air galant de Madame de Longueville, par grivoises les conversations galantes de l’hôtel de Rambouillet, par libertin l’esprit galant de Fléchier ?

Plus ample preuve serait aussi fastidieuse qu’inutile ; aussi je m’arrête à ces quelques citations, malgré le plaisir secret de les continuer, tant elles peignent à ravir mon personnage dans ses qualités les plus séduisantes du visage et de l’esprit. Ainsi, le portrait de Madame de Longueville par Madame de Motteville n’est-il pas d’une ressemblance saisissante ? Et ne pourrait-on pas appliquer, trait pour trait, à Madame de Frontenac ce qu’elle dit de la belle Anne-Geneviève de Bourbon ? « Personne, en l’approchant, n’échappait au désir de lui plaire : son agrément irrésistible s’étendait jusque sur les femmes. »

À deux siècles de là, arrêtons-nous derechef, non plus dans les Mémoires de Madame de Motteville, mais au Salon littéraire de Sainte-Beuve, devant le portrait de cette même duchesse de Longueville, et dites si je ne serais pas excusable de le confondre encore avec celui de Madame de Frontenac ? Elle tenait sur toute chose à faire paraître les délicatesses de son esprit, ce qu’elle en avait de plus fin, à se détacher du commun, à briller

  1. Idem, 328.