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FRONTENAC

ce qui survenait de nouveau, même à Versailles, lui paraissait peu poli » etc.[1]

Et quelques pages plus loin :

« Elle (Mde des Houlières) cultiva précieusement Fléchier, qui le lui rendit : Fléchier, caractère noble, esprit galant, et dont le portrait par lui-même est bien la plus jolie pièce sortie de la littérature de Rambouillet. Vivant dans ses diocèses, à Lavaur, à Nîmes, c’est-à-dire en province, il regrettait quelque peu le monde de Paris et les belles compagnies lettrées ; il était d’autant mieux resté sur le premier goût de sa jeunesse. » etc.[2]

« À cette époque (1642, première moitié du dix-septième siècle) Madame de Longueville et son frère {le duc d’Enghein) fréquentaient beaucoup l’hôtel de Rambouillet. On n’y songeait — d’après les Mémoires de Madame de Nemours — qu’à faire briller son esprit dans des conversations galantes et enjouées, qu’à commenter et raffiner à perte de vue sur les délicatesses du cœur. Il n’y avait pour eux d’HONNÊTES GENS qu’à ce prix-là. Tout ce qui avait un air de conversation solide leur semblait grossier, vulgaire. C’était une résolution et une gageure d’être distingué comme on aurait dit soixante ans plus tard ; d’être supérieur, comme on dirait aujourd’hui : on disait alors précieux. »[3]

Et ailleurs, au cours d’une longue étude sur M. de la Rochefoucauld, Sainte-Beuve dit encore : « Le goût de Madame de Longueville était celui qu’on a appelé de l’hôtel de Rambouillet ; elle n’aimait rien tant que les conversations galantes et enjouées, les distractions sur les sentiments, les délicatesses qui témoignaient de la qualité de l’esprit. Elle tenait sur toute chose à faire paraître ce qu’elle en avait de plus fin, à se détacher du commun, à briller dans l’élite, » etc.[4]

  1. Cf : Sainte-Beuve : Portraits de femmes, pages 370, 371.
  2. Idem, page 374.
  3. Idem, page 325.
  4. Idem, page 293.