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ET SES AMIS

SANS VICE ; encore y a-t-il dans la signification de ce « mot » quelque chose qu’on ne peut exprimer. »[1]

M’est avis que Vaugelas, en même temps qu’il donne la définition exacte du mot galant à son époque, portraicture admirablement bien Madame de Frontenac « cette belle et galante femme, extrêmement du grand monde et du plus recherché, » dont parle Saint-Simon, « et qui donnait le ton à la meilleure compagnie de la ville et de la Cour, SANS Y ALLER JAMAIS. »

Sainte-Beuve, l’un des grands maîtres de la critique française au dix-neuvième siècle, accepte absolument le sens et la définition de Vaugelas quand il applique le mot galant aux personnes ou aux choses du dix-septième siècle.[2] Son livre, Portraits de femmes, nous en fournit de copieux exemples.

« Madame des Houlières demeura fidèle aux souvenirs et aux admirations de sa jeunesse, et à l’ancienne et galante cour comme elle l’appelait ; elle remontait ainsi en idée jusqu’aux Bellegarde et aux Bassompierre : tout

  1. Cf : Histoire de la Langue et de la Littérature française, — des origines à 1900 — tome IV. page 723, publié sous la direction de M. Petit de Julleville, — article sur La Langue française, de 1600 à 1660, par M. Ferdinand Brunet, maître de conférences à la Faculté des lettres de l’université de Paris.
    Un écrivain contemporain russe, Madame Arvède Barine, qui me semble avoir fort bien étudié par le détail le langage, les coutumes et les mœurs du 17ième siècle français, définit ainsi le mot galanterie, tel qu’entendu à cette époque :
    « Galanterie, dit-elle, signifie l’agrément des manières et toutes les choses du goût. »
    Cf : Arvède Barine, La jeunesse de la Grande Mademoiselle. Paris, 1901, librairie Hachette.
  2. Le sens et la valeur des mots d’une langue s’altèrent, changent ou se perdent complètement avec le temps et l’usage. L’adjectif propre, par exemple, se prenait, au 17ième siècle, dans le sens d’élégant, de bien mis, de bien vêtu. Nos habitants ont conservé à ce mot le sens qu’il comportait alors. Que de fois n’entendons-nous pas nos cultivateurs endimanchés se saluer à la porte de l’église par cette exclamation pittoresque : Comme tu es propre !