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FRONTENAC ET SES AMIS

Allemagne, au Piémont. En 1645, il était au siège de Rosés, en Catalogne, aux côtés du marquis d’Huxelles, son oncle. En 1646, on le retrouve en Toscane et devant Orbitello où il eut un bras cassé en repoussant un corps de Napolitains. Il était alors maître de camp (colonel) du régiment de Navarre. En 1664, il assistait, avec le régiment de Carignan-Salières[1], à la journée de Saint-Gothard. Quand il reçut sa commission de maréchal des camps et armées du roi, il comptait déjà onze années de services. En 1669, à la demande du pape Clément IX, Louis XIV envoie des secours à Candie, capitale de l’île de Crète, assiégée par les Turcs depuis au delà de trois ans. Frontenac passe en Orient avec ce contingent de troupes d’élite et s’enferme dans l’héroïque petite ville qui résiste encore deux mois après l’arrivée des Français. Il y eut de furieuses sorties et des combats partiels d’une audace et d’une bravoure légendaires. Mais enfin il fallut se rendre et capituler. L’île avait tenu un quart de siècle contre les Musulmans ; il était difficile d’exiger davantage. Tout fut perdu comme à Pavie, fors l’honneur.

Frontenac se recommandait à la Cour par sa famille. Filleul de Louis XIII, qui lui avait donné son propre nom au baptême, Louis de Buade se réclamait de son père Henri de Buade, chevalier, baron de Palluau, en Touraine, maître de camp du régiment de Navarre, premier maître d’hôtel et capitaine du château de Saint-Germain-en-Laye. Cet Henri de Buade était un des familiers de Louis XIII. Amis dès la plus tendre enfance, compagnons d’études et de jeux, ils passent ensemble leur brillante jeunesse. Ensemble ils chassent et tuent leur premier sanglier, ensemble ils jouent au soldat avec des sabres de bois. Ils sont au mieux en tout temps et en

  1. « L’établissement, en Canada, des soldats de ce régiment, écrit M. Henri Lorin, fut peut-être une des raisons de la nomination de M. de Frontenac, comme gouverneur de la Nouvelle-France. »
    Cf : Lorin, Le Comte de Frontenac, page 26.